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L’écriture inclusive dans l’accessibilité

Dessin concernant l'écriture inclusive

Tout comme l’accessibilité qui évolue au fil du temps, l’écriture inclusive fait de plus en plus partie de notre quotidien. Cette pratique désigne les différentes pratiques d’écriture destinées à inclure tous les genres possibles, et pas seulement les hommes ou les femmes. Toutefois, des débats font encore rage de nos jours et certaines personnes souhaiteraient qu’on reste à la vieille méthode d’écriture, c’est-à-dire la prédominance du genre masculin sur le genre féminin. Certaines personnes sont donc contre toute forme d’écriture inclusive, alors que d’autres jugent que ça devrait dorénavant être la norme. Mais l’une des questions que l’on doit se poser est la suivante : est-ce vraiment accessible ?

Écriture inclusive
Source: La Croix

La base de l’écriture inclusive

Avant le 21e siècle, on nous apprenait notamment à l’école que le masculin l’emportait sur le féminin. Dans la langue française, il y a aussi certains mots masculins qui n’ont pas de version féminine officiellement. C’est la façon dont le système fonctionnait. Les gens étaient dans l’obligation d’accepter cette règle, qui était en fait le reflet de la société à l’époque. Celle-ci a surtout été officiellement mise en place au 17e siècle par l’Académie française. Cela a donc renforcé certains stéréotypes que l’on retrouve davantage dans les pays où il y a une langue dont le genre est lié au sexe, dont en français, en espagnol et en italien. Dans ces langues spécifiques, le genre masculin est celui qui est utilisé par défaut lorsqu’il n’y a pas de sexe ou de nom associé.

Dans les récentes années, l’on assiste à une nouvelle règle et à de nouvelles revendications dans la langue française afin d’avoir une écriture inclusive. L’une d’entre elles est la règle de la proximité, qui existait et qui se pratiquait en grec ancien et en latin, ainsi qu’en ancien français. Dans cette règle, on accorde l’adjectif avec le mot le plus proche (ex. : le camion et la voiture sont vertes). Cette règle offre donc plus de liberté dans l’écriture et elle est surtout plus égalitaire. Mise à part cette règle, il y a d’autres revendications dans la langue française, telles que la féminisation des métiers et des fonctions, l’instauration d’un pronom personnel « iels » et l’inclusion du féminin et du masculin dans l’écriture d’un mot (ex. : ami·e ou ami/e). Ces changements grammaticaux sont assez simples à comprendre et ont une bonne valeur symbolique.

L’accessibilité du point médian dans l’écriture inclusive

Malgré les nouvelles règles et les différentes recommandations, il est préférable de toujours écrire de façon lisible et compréhensible, ne serait-ce que pour l’accessibilité. Avec la rédaction épicène, le but est d’assurer un équilibre dans la représentation des hommes et des femmes dans les textes en introduisant correctement les genres masculins et les genres féminins. Par ailleurs, la rédaction épicène est recommandée par l’Office québécois de la langue française (OQLF) depuis 1981.

Il existe deux procédés pour arriver à avoir une écriture inclusive. Le premier procédé est l’écriture des formes des deux genres (ex. : les candidates et les candidats, le ou la juge, etc.). Le deuxième procédé est le recours aux mots et aux tournures neutres (ex. : membre, personne, responsable, scientifique, spécialiste, etc.). Ceci permet donc d’éviter toute discrimination sexiste par le langage ou l’écriture.

Une autre façon d’inclure le féminin et le masculin dans l’écriture est par l’utilisation d’un point médian. Il s’agit d’un signe typographique pour rendre neutres les mots qui portent normalement la marque du genre (ex. : employé·e., professeur·e, etc.). Toutefois, certains mots sont plus difficiles à lire de cette façon, notamment quand la terminaison est différente (ex. : intégrateur·rice, sérieux·euses, etc.).

Les points médians et les autres symboles de ponctuation utilisés pour l’écriture inclusive peuvent compliquer la lecture, que ce soit pour les lecteurs d’écran, mais aussi pour des personnes qui peuvent éprouver certaines difficultés (ex. : dyslexie, apprentissage du français comme langue seconde, etc.). Comme l’explique notre conseiller en accessibilité spécialisé en déficience visuelle, Antoine Hoang, « à ce jour, aucun lecteur d’écran ne traite correctement les symboles d’abréviation de l’écriture inclusive ». Pour le mot « participant·e·s », le lecteur d’écran NVDA lira « participant e s », alors que le lecteur d’écran JAWS lira « participant point e point s ».

Caricature concernant l'écriture inclusive
Source: Le Populaire

À la recherche de solutions accessibles

Depuis plusieurs années, des débats sur l’écriture inclusive et l’accessibilité aux personnes en situation de handicap ont lieu. L’utilisation des abréviations inclusives, dont le point médian, mais aussi les parenthèses et les barres obliques, est la seule qui peut poser des problèmes en réalité.

Diverses solutions sont proposées par Julie Moynat, auteure du blogue « La Lutine du web », pour avoir une écriture inclusive qui peut également être accessible. Le premier est l’utilisation d’une formule épicène ou englobante des termes. Il suffit de favoriser l’utilisation de mots qui ne sont pas déterminés par un genre spécifique (ex. : adulte, élève, etc.). Ou bien, les formules englobantes permettant de désigner un groupe de personnes sans faire référence à quel genre que ce soit peut être une bonne solution (ex. : l’équipe de développement, les personnes malvoyantes, etc.).

Une autre solution est l’écriture détaillée, où l’on écrit le mot au masculin et au féminin (ex. : les développeuses et les développeurs, les intégrateurs et les intégratrices, etc.). Ou encore, l’utilisation de l’accord à proximité qui permet d’accorder les adjectifs, les adverbes et les participes passés avec le sujet le plus proche du mot à accorder (ex. : les différents acteurs et actrices, les développeurs et les développeuses bienveillantes, etc.).

Chacune de ces solutions permet à la fois d’être plus juste et plus égalitaire pour que chaque genre puisse se sentir concerné, mais également pour que les personnes en situation de handicap puissent aisément lire un texte sans difficulté. Il faut dire que les langues évoluent toujours avec le temps et les usages, notamment avec le changement de règles ou l’ajout et le retrait de nouveaux mots dans le dictionnaire. Il est donc normal de vouloir rendre le monde meilleur quand nous vivons dans une société progressiste.

Sources :

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