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Modèles théoriques du handicap et types d’interventions privilégiées

Auteur, Marc Tremblay, B.A, CPACC

Le handicap est un concept largement documenté et défini de plusieurs façons selon des perspectives médicales, historiques, sociologiques ou politiques. De nos jours, nous utilisons le concept de « situation de handicap » afin d’intégrer des aspects environnementaux dans le vécu de la personne. Le point de vue par lequel nous observons un handicap est déterminant face aux interventions qui seront privilégiées pour favoriser la pleine participation sociale. Ce même point de vue est crucial également dans le choix du design des produits et services adaptés pour les besoins de la vie courante, des aides à l’apprentissage ou des aides pour l’exécution d’une tâche professionnelle. 

Pour l’approche ASAT, nous préférons nous référer au processus social du handicap dans une perspective de diversité de personnes avec des caractéristiques et des besoins uniques. Nous désirons ne pas nous limiter seulement aux personnes qui ont un diagnostic formel, puisque nous privilégions l’observation des processus sociaux menant un individu à ne pas participer en société. Cette perspective inclut un plus large groupe d’individus. 

Actuellement, les trois modèles théoriques les plus importants permettent de mieux comprendre et d’expliquer comment une situation de handicap peut être vécue par une personne de façon ponctuelle, contextuelle ou permanente. On peut, par le fait même, associer pour chacun des modèles une intervention qui est privilégiée (voir l’infographie ci-dessous).

Modèles théoriques du handicap
  1. Modèle médical : traitement individuel
  2. Modèle fonctionnel : mesures d’adaptation
  3. Modèle social : accessibilité universelle

Ces trois modèles coexistent et ne sont pas nécessairement en concurrence, mais bel et bien en complémentarité.    

Modèle médical

Les connaissances pratiques et théoriques issues du monde médical permettent d’identifier des troubles et des maladies, ainsi que des états physiques et mentaux. Les traitements curatifs permettent parfois d’atténuer ou d’éliminer les symptômes de ceux-ci. Cependant, le modèle médical a de grandes limites puisqu’il considère peu (ou même pas du tout) les facteurs sociaux liés aux handicaps. 

Modèle fonctionnel

Dans un modèle fonctionnel, les manifestations des difficultés rencontrées par une personne sont la cible première des interventions. Effectivement, il y a un désir de soutenir une personne vivant une situation de handicap. Au-delà, des symptômes, ce sont les difficultés liées à cette situation qui sont compensées par différents moyens techniques et humains. Au Québec, le processus de plan d’intervention est un excellent exemple d’application du modèle fonctionnel. Les professionnels définissent un objectif général, identifient les difficultés et déterminent des objectifs spécifiques et des moyens pour atteindre ceux-ci.    

Modèle social

Le modèle social, quant à lui, est en émergence à travers les différentes disciplines impliquées auprès de personnes en situation de handicap. Il s’agit d’une vision plus holistique du handicap, c’est-à-dire que le handicap n’est pas seulement une conséquence d’une maladie ou d’un état physiologique ou mental. L’approche du modèle social est incluse dans un processus social fait de règles formelles (ex. les lois, le mode de fonctionnement des organisations) et de règles informelles (ex. la culture, les interactions sociales, les rapports de pouvoir). Une situation de handicap n’est donc plus seulement vécue par un individu. Il existe dorénavant une conscience de l’impact social. La participation d’une diversité d’individus est une responsabilité partagée entre l’individu et la société. La mise en œuvre d’une culture d’accessibilité universelle est mise de l’avant dans le but de créer une pleine participation sociale de toutes et tous.  

Les impacts de la mise en œuvre de l’accessibilité universelle sont multiples pour les entreprises, les institutions scolaires, l’état et la société en général. Ainsi, l’accessibilité universelle assure un meilleur accès à l’éducation et au travail, deux aspects majeurs dans la participation sociale.